Green: "Je n'ai aucune excuse"
Quand il s'agit de gardiens de but, l'Angleterre craint toujours le
pire. Face aux Etats-Unis, le pire est arrivé. Robert Green a commis
une énorme bourde sur le but américain. Le portier de West Ham assume.
Il a reçu le soutien de ses partenaires et de Fabio Capello, mais
doit-il être sacrifié?
De l'autre côté de la Manche, on dit souvent qu'un
gardien, c'est comme un arbitre. Il est bon quand il passe inaperçu.
Comme si le portier anglais avait vocation non pas à briller en faisant
gagner son équipe par ses arrêts, mais simplement à ne pas précipiter
sa perte par ses bourdes. Il suffit donc de jeter un oeil à la presse
en ligne anglaise ce samedi soir pour comprendre que Robert Green n'a
pas rempli son contrat. Sa photo est placardée à la une de tous les
sites internet et il en ira de même pour les grands quotidiens
dominicaux. Titularisé par Fabio Capello dans le but anglais pour la
Coupe du monde, il a commis une énorme bourde face aux Etats-Unis. De
celles qui se racontent encore 10 ou 15 ans après au pub, entre amis.
C'est
une sorte de cauchemar qui n'en finirait jamais. Bien sûr, l'Angleterre
n'ignorait pas sa faiblesse. Elle savait que le poste de gardien de
but serait, comme toujours depuis une dizaine d'années, son principal
point faible. Mais de là à ce que la catastrophe vienne si vite, et
avec une telle ampleur... Une vraie caricature. C'est simple, dès le
premier véritable ballon qu'il a eu à négocier face aux Etats-Unis,
Robert Green a commis l'irréparable. "C'est fou. Il est très mal
positionné sur le but. Il ne se couche pas, il est sur le côté, c'est
une énorme faute, presque une faute de débutant, alors que la frappe de
Dempsey n'était pas si dangereuse", note Peter Shilton, son illustre prédécesseur.
Tous derrière lui
Très entouré à la fin de la rencontre, Green ne s'est pas défilé. Il a fait face, avec un certain cran. "Je n'ai aucune excuse. C'est la vie et c'est surtout la vie d'un gardien de but, a expliqué le gardien de West Ham. Une
fois que c'est fait, c'est fait. Vous ne pouvez pas vous permettre
d'être affecté par ça. Lors des 50 minutes suivantes, je me sentais
confiant, je me sentais bien." Lors du second acte, Green n'a eu
qu'un seul arrêt supplémentaire à effectuer. Cette fois, il l'a
"réussi", même avec une technique de main approximative, en détournant
la frappe d'Altidore sur son propre poteau. Mais le mal était fait. Si
ses attaquants s'étaient montrés plus réalistes que lui, l'Angleterre
aurait pu s'imposer, atténuant les conséquences de son erreur.
Presque
toutes les questions ont tourné autour du geste de Green après le match
et les réponses ont toutes été les mêmes de la part des joueurs et du
staff anglais: on n'accable pas le héros malheureux du jour. " Je ne crois pas qu'on puisse critiquer le gardien, assure Steven Gerrard en bon capitaine. Une
erreur comme celle là, ça peut arriver, Robert va s'en remettre,
d'ailleurs il nous a sauvé sur un tir américain, on est tous derrière
lui." Même discours chez Frank Lampard: "Il n'est pas question
de s'en prendre à Rob. Sinon, on peut s'en prendre à ceux qui ont raté
des occasions ce soir. On avait les moyens de marquer au moins un autre
but pour gagner ce match."
Green: "Si je dois payer pour cette erreur, qu'il en soit ainsi"
Lampard
a raison. Mais il ne peut ignorer que si elle veut prétendre au titre
mondial, l'Angleterre ne pourra se permettre de tels aléas. Fabio
Capello se retrouve désormais en première ligne. Pas forcément pour
avoir misé sur Green (il n'avait de toute façon pas d'alternative
satisfaisante à 100%) mais pour la méthode. Selon David James,
l'Italien n'a communiqué à ses portiers sa décision de titulariser
Green que "cinq minutes avant" la publication officielle de l'équipe. Pas forcément le meilleur moyen de mettre son gardien dans des conditions optimales. "Je ne regrette absolument pas de l'avoir titularisé, a expliqué Capello. Quand
j'ai décidé que Green allait être le gardien titulaire, il sortait d'un
très bon match à Wembley. Il a fait une erreur mais il a aussi fait un
bel arrêt. C'est le problème des gardiens." Certes, mais c'est plus que jamais celui de l'Angleterre.
La question de son maintien dans le onze de départ pour le prochain match face à l'Algérie, vendredi, se pose inévitablement. "J'ai trente ans, je ne suis plus un gamin, confie Green. Plus
jeune, cela m'aurait sans doute plus affecté. Je suis suffisamment
solide pour assumer, passer à autre chose et être prêt pour le prochain
match si je suis retenu. Je veux représenter mon pays autant que
possible. Mais si je dois payer pour cette erreur, qu'il en soit ainsi.
J'assume mes responsabilités." Capello a six jours pour trancher,
mais il a lancé une petite phrase qui indique peut-être que ça ne sent
pas très bon pour Green. "J'ai du temps pour décider, pour parler avec lui. Je déciderai après." Une fois encore, ce sera un choix par défaut.